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Rencontre avec Ézéquiel GARCIA-ROMEU

Lors de notre dernier jour sur Nice, le 17 novembre 2018, nous avons eu la chance de rencontrer Ézéquiel Garcia-Romeu. Metteur en scène, marionnettiste, scénographe et enseignant à l’Université de Nice Sophia-Antipolis, cet homme aux multiples casquettes nous a invités à partager un moment convivial dans son atelier situé dans le 109, le pôle de cultures contemporaines.  

 

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Ézéquiel Garcia-Romeu

© Camille LAURENT

L’homme derrière la marionnette

Ézéquiel nous raconte que depuis l’enfance, il a un rapport assez fort avec l’art : ses parents l’emmènent au théâtre, il fait de la guitare classique au conservatoire et a un certain don pour les arts plastiques. C’est à l’âge de 12 ans qu’il commence à créer ses premiers personnages, des « marionnettes ». Puis il imagine des histoires et fabrique ses premiers scénarios. Contre l’avis de ses parents, il explique qu’il a arrêté l’école en terminal sans avoir passé son bac. C’est à partir de ce moment qu’Ézéquiel apprend l’art de la marionnette en autodidacte. À cette époque il n’existait aucune formation, de diplôme de marionnettiste ou de mise en scène. À 22 ans, il fait son premier spectacle de marionnettes pour un spectateur, sur trois soirées. Cependant, il arrête pendant 6 ans son art pour reprendre totalement en 1994 avec La Sorcière du Placard à Balais pour l’Opéra de Nice. Dès lors il construit sa carrière, se produisant sur les diverses scènes françaises entre autres : le théâtre de la Massue, le théâtre de Grasse, le CDN de Nice, le théâtre de la Commune, le théâtre national de Chaillot, le théâtre de l’Odéon, le festival d’Avignon… Il est également présent à l’international comme avec le Berliner Festspiele ainsi que le Carrefour International de Québec. Lauréat de la Villa Médicis hors les murs en 2003, il est invité à développer un laboratoire par La Caserne d’Alousie de Robert Lepage.

Aujourd’hui, il retourne dans la ville où il a grandi : Nice. Depuis 1 an, il travaille au 109 et fait partie du CA de l’Entre-Pont. Il est l’un des quatre gestionnaires des espaces du 109, chacun ayant sa discipline propre. Il est évidemment en charge de la marionnette. Parallèlement à son activité d’artiste, il enseigne au département d’études théâtrales de l’Université de Nice Sophia-Antipolis où il s’adonne à un cours théorique au premier semestre sur Beckett et Brecht puis un cours pratique de la marionnette au second semestre. Ce travail avec les étudiants lui permet de « transmettre » son art. C’est donc tout naturellement qu’en ce moment, il co-produit avec notamment le théâtre national de Nice son spectacle "Le petit théâtre du bout du monde".

 

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Le petit théâtre du bout du monde

© Camille LAURENT

Ce spectacle est le fruit d’un long travail comme nous l’explique Ézéquiel. Il a fallu deux mois de travail en amont pour apprendre à confectionner certaines marionnettes puis un mois pour préparer une première version en Bulgarie et encore deux mois supplémentaires de travail en France pour arriver à un produit fini. L’idée est de créer des représentations évolutives et participatives. En effet, Ézéquiel se base sur un jeu vidéo (créé spécialement pour le spectacle) pour montrer la domination des grands lobbyings, des banques et des grandes industries. L’objectif du jeu est de mettre en opposition deux camps (deux joueurs en ligne, recrutés via les réseaux sociaux). Chaque joueur exploite la terre sans contrôle de l’État et à des fins privatives. Le joueur gagnant est celui qui aura « amassé » un maximum de ressources et de biens (charbon, pétrole…) ; un médiateur signale la fin du jeu et désigne le vainqueur par le biais d’un gyrophare. Lors des représentations, l’intervention des joueurs se fait discrète et invisible. Les éléments sont déplacés par les artistes eux-mêmes. La pièce représente donc une seule partie. Cependant, le jeu est disponible en ligne, en dehors de la pièce. C’est un univers dont on ne maîtrise plus les outils et qui marque la fin de la civilisation occidentale en cause des objectifs géopolitiques et financiers. Étonnement, Ézéquiel nous avoue qu’il ne joue pas spécialement aux jeux vidéo, il apprécie seulement leur esthétique et le support qu’ils peuvent offrir. Comme la plupart des œuvres artistiques, c’est grâce aux subventions que cette prestation a vu le jour : la compagnie a reçu des subventions d’Europe Creative où elle a réussi à se classer 24e sur tous les concurrents européens (1er parmi les français), de la DRAC, de la ville de Nice… Par la suite, la compagnie souhaite s’ouvrir davantage à l’international. Elle a déjà des projets en Croatie et ailleurs à l’étranger.

Après 40 ans de carrière dans la marionnette, Ézéquiel Garcia-Romeu considère que les représentations sont trop répétitives, qu’il s’agit toujours des mêmes schémas de fonctionnement. C’est pourquoi il veut travailler sur des idées originales et créer de nouvelles formes d’écritures scéniques dans l’art contemporain.

Pour suivre tous ses projets et son actualité

ÉZÉQUIEL GARCIA-ROMEU
+33 (0)6 49 42 49 33

ezequiel.r723@gmail.com

Site internethttp://www.ezequiel-garcia-romeu.com/ 

Camille LAURENT

 

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2018
Nice

Du 15 au 17 novembre 2018, destination Nice sur la côte d'Azur.Trois jours de rencontres et de visites culturelles avec les acteurs phares de la ville (Mairie, Villa Arson, TNN, Villa Masséna, Le 109, le MAMAC, la cinémathèque ..). Retours sur ce séjour ensoleillé et sur la découverte d'une grande richesse culturelle passée, présente et ouverte sur l’avenir.