Lors de notre dernier jour sur Bordeaux en novembre 2017, nous avons eu la chance d’avoir une visite guidée du Musée d’Aquitaine. Philippe Chauveau, responsable du service médiation, nous apporte des précisions sur les nouveaux enjeux dans les musées régionaux.
crédit photo : Aurélia Deniot
Officiellement créé en 1962, le Musée d'Aquitaine résulte en réalité de la riche histoire muséale bordelaise. Il regroupe ainsi des pièces archéologiques de collectionneurs privés inventoriées dès le XVIème siècle et de l’ancien musée lapidaire, des collections ethnographiques, celles des anciens musées de la marine et de l’armée… Cela en fait à la fois un musée de patrimoine pour la ville et la région, mais aussi un musée des civilisations, régionales et extra-européennes, liées à l’histoire maritime et marchande de Bordeaux. Ce musée municipal compte aujourd’hui environ 1 400 000 objets présentés sur 30 000 m² et accueille un large public (140 000 visiteurs par an).
Le Musée d’Aquitaine a reçu le label Musée de France et se place en 15e position de la liste en termes de fréquentations. Pour bénéficier des aides et de la visibilité que cela lui confère, il se doit donc de respecter scrupuleusement le cahier des charges établi.
Le Label Musée de France : des devoirs avant tout
crédit photo : Aurélia Deniot
« Les collections permanentes des musées de France sont inaliénables et doivent être inscrites sur un inventaire réglementaire » (Ministère de la Culture). Avec le passage à l’ère numérique, tous les inventaires doivent être repris entièrement et entrés sur les bases de données. Il s’agit d’un travail fastidieux, chaque œuvre devant présenter un dossier complet stipulant chaque emprunt, chaque publication etc.
Le Musée d’Aquitaine se doit d’être d’intérêt public, de rendre les collections « accessibles au public le plus large, de concevoir et mettre en œuvre des actions d’éducation et de diffusion » (Ministère de la Culture). Il faut donc continuellement mettre en place des actions de médiation, pour toucher les publics les moins sensibilisés. Philippe Chauveau nous explique plusieurs projets mis en place dans ce cadre. Une application a par exemple été créée à destination des 13-18 ans, leur permettant de consulter les expositions de manière plus interactive. Des parcours spécifiques sont en réalisation pour les publics handicapés, à l’instar d’un parcours tactile pour les mal/non-voyants.Autre projet : rendre les collections entièrement consultables en ligne, dont l’avancement dépend néanmoins de celui de l’inventaire numérique.
Pour toucher un public plus large et conserver son statut de Musée de France, le Musée d’Aquitaine doit donc se moderniser sans cesse, et répondre aux demandes et besoins actuels souvent liés au numérique. Cependant, en parallèle, les dotations budgétaires s’affaiblissent. Philippe Chauveau nous explique ainsi que le musée a vu une réduction de son personnel ces dernières années (67 salariés en tout à ce jour). Or, pour mettre en place nombre de projets, tel que l’inventaire numérique, le manque d’effectif se fait sentir. Des intervenants sont alors appelés en vacation, un statut précaire. Il faut aussi chercher constamment des subventions spécifiques pour les projets d’envergure (par exemple l’application mise en place). Résultat : le musée a récemment ouvert un poste pour la recherche de mécénat. Certaines activités se voient aussi délocalisées, faute de financement : c’est le cas de la restauration, qui ne se fait plus sur place, malgré la présence de nombreux ateliers à destination du public. Il est par ailleurs stipulé que les Musées de France sont « des institutions dont les missions sont de conserver, restaurer, étudier et enrichir leurs collections » (Ministère de la Culture).
Ainsi, en dépit de moyens financiers moins conséquents, le Musée d’Aquitaine multiplie les actions et engagements pour tenir son statut de Musée de France.
Informations pratiques :
Musée d’Aquitaine
20 cours Pasteur, 33000 Bordeaux
Tél : 05 56 01 51 00
Site internet : http://www.musee-aquitaine-bordeaux.fr/
