
Deuxième jour à Lille. Quelques minutes de marche rapide en centre-ville et nous voilà devant un bel édifice de pierres. Nous longeons la façade de style Belle Epoque et c’est par l’entrée du personnel, située dans un étroit bâtiment flambant neuf que nous pénétrons dans le Palais des Beaux-Arts. Nous apprendrons par la suite que ce "bâtiment-lame", situé derrière le bâtiment principal est l’œuvre de Jean-Marc Ibos et de Myrto Vitart, sollicités par la ville dans les années 1990, lors de la rénovation et du réaménagement du musée. Outre le gain de surface, le résultat est très réussi : l’ancien bâtiment se reflète sur les parois de verre du nouveau comme pour inviter les visiteurs à ne pas oublier l’héritage du passé.
Le Palais des Beaux-Arts propose un panorama complet de l'art européen du XVIe au XXe siècle avec notamment des collections exceptionnelles de peintures flamandes (Rubens et ses élèves) et de peintures françaises du XIXe (David, Delacroix, Géricault, Corot, Courbet...). Sous l’impulsion de son conservateur en chef, Alain Tapié (qui est aussi directeur du musée de l’Hospice Comtesse), d’autres formes d’art s’invitent au musée. L’exposition temporaire L’Homme-Paysage, présentée jusqu’au 14 Janvier 2007 est un exemple de confrontation réussie des genres artistiques où le « classique » côtoie le « contemporain » et où les frontières esthétiques et stylistiques semblent se brouiller. Sans être systématique, mais résultant d’une orientation délibérée de la part de la direction artistique du Palais, le mélange des genres artistiques au sein d’une exposition temporaire, invite le visiteur à modifier son regard et ses représentations, à questionner son approche de l’art et à réfléchir sur la notion de modernité en arts plastiques (le tableau le plus avant-gardiste n’étant pas toujours celui que l’on croit).
Et c’est précisément par le regard de l’artiste que nous entrons dans l’exposition : le Palais des Beaux-Arts de Lille propose au spectateur de découvrir la nature à travers le prisme de l’artiste. De la Renaissance à l’art actuel, le thème de la nature métamorphosée, recomposée par l’homme a été une source d’inspiration pour les artistes les plus novateurs de leur époque (Guiseppe Arcimboldo, Joos de Momper, Louise Bourgeois, Tony Cragg, John Isaac...). L’exposition se décline autour de six thèmes : les cabinets de curiosité, les paysages anthropomorphes, l’homme-végétal, l’homme-minéral, les paysages anatomiques et les paysages érotiques. Des livrets gratuits d’aide à la visite accompagnent le visiteur dans l’exposition, lorsqu’il ne suit pas de visites guidées. A ces dispositifs de médiation dits « classiques », s’ajoutent des actions de sensibilisation et de fidélisation plus originales mises en œuvre par un service des publics dynamique: journées portes ouvertes au jeune public, ouvertures nocturnes, « midis-musiques » en salle de peinture, séances de cinéma, démonstrations de spectacle vivant ou « Happy Days ».