Le musée Masséna est un musée municipal de la ville de Nice, consacré à l’histoire locale. Le musée propose des expositions temporaires, notamment « La Promenade ou l’invention d’une ville » qui soutenait l’initiative de la mairie de Nice d’inscrire « Nice Capitale d’hiver et sa Promenade des Anglais » sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. La dernière exposition en date, « Histoire en briques® - 1er Empire », propose une lecture de l’histoire et du patrimoine au travers des constructions en lego.
La rencontre avec le directeur du musée, Jean-pierre Barbero, nous a permis d’en savoir plus sur les enjeux qui animent le musée.
Le musée Masséna en deux mots
Le musée municipal Massena a ouvert au public en 1921. Il se situe au sein de la Villa Masséna qui date de la Belle-époque. Elle a été construite en 1898 à l’initiative de Victor Masséna, prince d’Essling et duc de Rivoli. La bâtisse a été placée à l’inventaire des Monuments Historiques, son style architectural néo-classique italien contribue à sa renommée. A l’origine la demeure était une villa de plaisance. Le décoration rend hommage à Napoléon Ier à qui la famille Masséna doit ses titres.
En 1919, André, fils de Victor Masséna, décide de laisser la propriété à la ville de Nice : un musée et les jardins furent ouverts au public. Il ferma entre 2002 et 2007 pour être rénové.
Ses collections sont un témoignage de l’histoire de la ville et de l’art. Elles sont composées de bijoux, d’éléments de mobilier, de peintures de toutes sortes, de sculptures en passant par des affiches et des armes. Située le long de la promenade des Anglais, le musée bénéficie d’une position qui lui assure une bonne visibilité et un public très touristique. En 2017, le bilan de l’inventaire du musée a permis de constater la disparition de plus de 2000 oeuvres. En tout, un quart des collections du musée est non-localisé, certaines oeuvres ont été volées et d’autres détruites.
Histoire en briques, une exposition à succès
La ville de Nice est rattachée au réseau national des Villes Impériales, c’est pour cela qu’en l’honneur des Journées Impériales, le 19 octobre dernier, a été lancée l’exposition « Histoire en briques® - 1er Empire » au Musée Masséna.
L’exposition présente des reconstitutions du patrimoine culturel de la France faites en briques LEGO®. Cette exposition a pour vocation d’être accessible à tous, notamment par sa dimension ludique et le réalisme des reproductions.
Une trentaine d'oeuvres sont présentées : des objets à taille réelle comme le bureau de l'Empereur ou la harpe de Joséphine. Des tableaux comme la reconstitution du portrait de Napoléon peint par David, des bâtiments représentatifs de cette époque comme l'Arc de Triomphe, le QG de Napoléon à Waterloo ou le Carrousel du Louvre ou encore une scène de bataille.
Le succès de l’exposition est au rendez-vous. En effet, par sa thématique et sa forme récréative l’exposition a une visée intergénérationnelle.
Quelques chiffres |
Ouverture le 19 octobre 4959 visiteurs en 6 jours 2666 visiteurs de la métropole 2293 visiteurs hors métropoles |
Démocratisation culturelle ou attrape-touristes ?
Au cours de la rencontre, le succès de l’exposition a été évoqué plusieurs fois, un succès auprès des publics qui en sont très satisfaits et un succès commercial. En effet, le musée a des obligations envers l’entreprise LEGO® à propos du nombre de visiteurs attendus. Ce qui explique la campagne publicitaire perçue dans de nombreux lieux de la ville. Les objectifs en termes de public visé sont énoncés clairement : les familles et le jeune public mais surtout les touristes sont une cible phare du musée.
La publicité joue sur l’attrait du divertissement plutôt que sur le pédagogique. C’est le reflet de la situation paradoxale dans laquelle se trouvent les musées. Malgré les richesses qu’ils abritent, les coûts de maintenance des collections ne sont pas couverts par leurs revenus propres. Si les musées sont des organisations sans but lucratif, ils évoluent dans un système capitaliste et sont régis par les mêmes logiques de compétitivité que les entreprises. L’attractivité des expositions se négocie par des événements et l’aspect spéculaire de ce qui est présenté. En l'occurrence le détournement des jouets LEGO® en reconstitutions patrimoniales permet de questionner ce qui fait la valeur d’une exposition. Ainsi cela ne réside pas nécessairement dans l’objet présenté mais dans le dispositif mis en place dans la scénographie de l’exposition.
Site internet : http://www.nice.fr/fr/culture/musees-et-galeries/musee-massena-le-musee