
C’est François Hubert lui-même, organisateur de notre périple bordelais et conservateur en chef du musée, qui clôt notre séjour en nous accueillant au musée d’Aquitaine, l’une des institutions culturelles les plus prestigieuses de la ville. L’institution a été créée en 1960 mais n’a revêtu sa physionomie actuelle que depuis 1987, prenant place dans l’ancienne Faculté de sciences et de lettres, bâtie au XIXe siècle, au cœur de la ville. Elle a pour vocation de présenter l’histoire de Bordeaux et de sa région. Les collections émanent de plusieurs disciplines, associant archéologie, histoire et ethnologie dans l’idée de rendre compte de l’évolution du territoire de 700 000 ans avant J.C à aujourd’hui ; la collecte des objets remonte parfois jusqu’au XVIe siècle. Le musée possède également un fonds extra-européen conséquent, qui s’est constitué du fait de l’importante activité portuaire caractéristique de la ville, et qui a donné lieu à des échanges avec le reste du monde, à la fois économiques et culturels.
François Hubert (à droite) nous avait concocté un programme passionnant
L’équipe du musée organise des cycles de conférence, propose des activités diverses pour les enfants ainsi que des visites guidées pour tous les publics, et notamment pour les mal ou non-voyants. Des manifestations artistiques sont également proposées. S’il est vrai que la muséographie des collections permanentes mériterait d’être rénovée (la filiation avec le musée de l’Homme est nettement perceptible), l’équipe fait preuve d’audace et d’originalité lors des expositions temporaires. Nous avons eu la chance de visiter en compagnie de François Hubert « Le rugby, c’est un monde », présentation captivante et ludique de ce sport fortement ancré dans la région et à l’honneur cette année avec le déroulement de la coupe du monde. Son propos est à la fois technique, historique, informatif et ludique, permettant aux experts comme aux novices d’y trouver leur plaisir. Plus loin, ce sont des peintures haïtiennes d’inspiration vaudou qui sont à l’honneur : 90 toiles et pièces de ferronneries nous ont plongés dans un univers bariolé, un monde idéalisé qui a permis aux esclaves et à leurs descendants de s’évader d’un quotidien difficilement soutenable.
Un vaste projet de rénovation est à l’étude, en lien avec la réorganisation nationale des institutions culturelles de même nature (ouverture du Mucem sur la Méditerranée), le Musée d’Aquitaine se proposant de jouer sur le lien avec l’Atlantique. La mise en œuvre de ce projet est liée à l’élection possible de Bordeaux comme capitale européenne de la culture. La mission que s’est finalement assignée l’institution est de vivre avec son temps, de tenir compte des éléments les plus divers de l’existence des individus afin d’être un acteur du territoire à part entière. Elle souhaite également favoriser la citoyenneté en donnant aux habitants des clefs de compréhension de leur lieu de vie, et en participant aux divers débats de société initiés par les habitants eux-mêmes.