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La Cité de l’Espace de Toulouse

L’exploration de la Cité de l’Espace de Toulouse,
ou comment étudier les publics d'un musée de science aujourd'hui

Vendredi, nous passons toute la matinée à la Cité de l’espace de Toulouse :
A notre arrivée, nous sommes accueillis par Christophe Chaffardon, Responsable éducation. Après des études d’ingénieur à l’INSA de Toulouse, ce dernier a travaillé à la Cité des sciences et de l’industrie de La Villette à Paris, puis a rejoint en 1998 la Cité de l’espace au sein de l’équipe pédagogique. Il est actuellement responsable des activités éducation depuis 2003 et coordonne les différents projets, en collaboration avec les enseignants chargés de mission.

La Cité de l’espace, une structure mixte régie par le droit privé

Le conseil d’administration est composé à 51% par la mairie de Toulouse et à 49% par d’autres structures privées ou semi-priées (CNES, EADS, banques, conseil régional...). Cette situation a un impact sur la politique d’offre : la cité a d’une certaine manière un objectif de rentabilité, dans la mesure où elle doit s’autofinancer, mais n’a pas pour but de faire des bénéfices. Elle y arrive aujourd’hui partiellement. On peut deviner une stratégie commerciale par la présence d'une boutique et de restaurants au sein de la Cité, comme c'est le cas pour la plupart des musées de sciences (Océanopolis, Cité des Sciences et de l’Industrie…). Mais, il faut rappeler que la Cité est toujours très tributaire de la mairie, autant par ses financements, ses choix, que par les terrains qu’elle lui loue. L'équipe est composée de 108 personnes (équivalents temps plein).

Scénographie et médiation : une visite ludique

Christophe Chaffardon commence par nous faire visiter la partie extérieure de la cité. Le parc sert à exposer des objets, modèles ou versions d’essai... Ces derniers n’étant pas des objets originaux, la Cité de l’espace n’a pas vocation à conserver. La présentation de ces artefacts en extérieur peut faire penser à un parc d’attraction, un peu à la manière du Futuroscope. Il y a aussi quelques animations à heure fixe par des intervenants. Par exemple, pour expliquer le départ d’une navette et d’une fusée, un animateur scientifique fait décoller des petites fusées à eau en expliquant leur principe ; les visiteurs peuvent aussi s’installer dans la capsule Soyouz et imaginer que les astronautes sont restés dans cette position pendant deux jours et demi !

Nous entamons ensuite une rapide visite des espaces d’expositions intérieurs s’étendant sur 2000m². Cet espace comprend des espaces d’expositions permanentes (sur le système solaire, la lune...), mais aussi une exposition temporaire (actuellement sur Mars). Comme dans la majorité des musées de sciences aujourd’hui, la scénographie est basée sur des démonstrations et mises en situation par l’usage d’outils interactifs et des démonstrations d’intervenants. On notera d’ailleurs que la scénographie a été totalement rénovée en juin 2012.

Les visiteurs peuvent alors jouer, simuler, expérimenter (imaginer la marche sur la Lune en apesanteur avec le Moon runner). Nous regrettons d’ailleurs le manque de temps pour expérimenter ces dispositifs ! Un fragment de pierre de lune, gracieusement prêté par la Nasa est aussi présenté. On peut supposer que le visiteur passe à côté de sa préciosité et de son importance historique (les premiers pas sur la Lune, le travail des astronautes, l’histoire de la naissance de la Lune...), du fait de l’absence de dispositif de médiation à proximité et le manque d’accessibilité pour les enfants.

Un intérêt pour ses publics

D’après Christophe Chaffardon, le but que s’est fixé la Cité de l’espace est de générer une fascination pour la découverte de l’espace et l’astronautique, un déclic qui marquera les esprits, de distiller un peu de culture générale et beaucoup de curiosité, d’où la mise en place des éléments ludiques, simulations et démonstrations. Grâce à la billetterie, la Cité connait ses publics de manière quantitative : elle  accueille ainsi 270 000 visiteurs par an, majoritairement des familles, parmi lesquelles peu de visiteurs toulousains alors que ce sont ceux-là mêmes qui payent la Cité avec leurs impôts ! La Cité souhaite alors s’ouvrir aux populations locales en s’interrogeant sur une programmation et une temporalité dédiées. Les visiteurs passent en général la journée à la Cité. Un tarif réduit est offert aux familles. Les groupes scolaires représentent le deuxième public le plus important. Un programme pédagogique est mis en place pour eux, avec des tarifs préférentiels et l’embauche de deux enseignants chargés de mission par la Cité elle-même.

Pour mieux connaître ses publics familiaux sur le plan qualitatif, la Cité de l’espace fait partie du programme CHESS. Ce programme de recherche d’envergure regroupe deux musées (la Cité de l’espace et l’Acropolis d’Athènes), deux universités et trois laboratoires. C’est dans ce contexte que Peter Tolmie (Mixed Reality Lab) a mené son étude ethnographique. Il a alors proposé à des familles de les suivre durant toute leur visite avec une caméra. Le but était d’analyser les comportements des membres de la famille dans cet environnement, mais aussi les discussions entre eux tels que le choix de l’organisation de la visite (négociations), leur comportement face à la muséographie : tirage-résistance, détournement des éléments d’exposition, le système de co-éducation, les lieux de prise de photos...Notre hôte nous fera aussi part de sa volonté de mettre en place des outils qui permettront “d’aider les parents à jouer le rôle qu’ils veulent jouer d’expliquer les choses à leurs enfants” et de favoriser ainsi un bon moment d’échange au sein de la famille par le biais de la science. L’aspect ludique de tous les éléments de muséographie,  la scénographie claire et colorée... sont le preuve de cet intérêt porté à la pédagogie et la médiation pour les enfants.

Maud, Agnès et Boliang.