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Association dédiée aux musiques actuelles à Nantes :Trempolino

Pour une impulsion musicale militante

Deuxième jour à Nantes, nous avons rendez-vous avec Vincent Priou, directeur de "Trempolino", association dédiée aux musiques actuelles. Sa présentation, à l’interface de plusieurs principes tels l’économie solidaire et l'engagement militant, offre un point de vue concret, quasi- expérimental, sur le domaine des musiques actuelles.

La reconnaissance des musiques actuelles : la création de Trempolino

Dès 1981, le Ministère de le Culture s'ouvre à de nouvelles pratiques culturelles dites « underground » et permet de donner une reconnaissance institutionnelle à un foisonnement d’initiatives artistiques nées dans le paysage français. Dans ce contexte politique favorable, la création de Trempolino en 1990 se fait l'écho, dans le domaine des musiques actuelles et amplifiées, d'une contre-culture naissante construite en opposition aux modèles établis: remise en cause du rapport espace- temps, prise en compte des innovations techniques au niveau sonore... En 1996, Trempolino acquiert le statut de « pôle régional de musiques actuelles », label du Ministère de la Culture qui vient entériner la qualité de ses initiatives.

L'engagement militant de Trempolino

La démarche de Trempolino repose sur des valeurs éthiques - diversité culturelle, respect de identités artistiques, réciprocité et solidarité- que l’association entend porter et partager avec les acteurs qui sollicitent ses différents services. Vincent Priou a souhaité nous faire partager les bases idéologiques de leur démarche engagée. Une charte de valeurs a été mise en place comme garde-fou symbolique de cette énergie collective, profondément ancrée dans l’économie solidaire, et faisant appel aux concepts de réciprocité, de solidarité, et d’égalité. Trempolino s'associe à l’Agenda 21 pour un développement culturel durable et à la charte de l’UNESCO sur la diversité culturelle, qui sont conçus comme des moteurs indispensables de l’action culturelle. D'une manière pratique, il s'agit de favoriser les initiatives, de sauvegarder l’indépendance des artistes et de créer un réseau collaboratif permettant de mutualiser les connaissances de chacun des acteurs.

Des actions diverses pour soutenir les musiques actuelles

Trempolino a réussi le pari de pérenniser son activité et représente aujourd'hui une équipe de 14 personnes disposant d'un budget de 1,1 millions d’euros, financé à 37% par des recettes propres(studios d’enregistrements et de répétition). Leur projet s’articule autour de trois axes complémentaires que sont la ressource, la formation et l'expérimentation. L’association met à disposition un centre de ressources et d’information exemplaire, édite le magazine Tohu Bohu dédié au réseau des musiques actuelles, et organise des rendez-vous d’accompagnement qui permet de suivre les artistes nantais tout au long de leur carrière. Le pôle « formation qualification » est basé sur des enseignements à visée professionnelle, sous la forme de colloques sur  l’écriture, la composition, la création musicale, la technique etc…L'association s'est associée à l'université d'Angers avec la création d’un [master 2 « Direction d’équipements et de projets dans le secteurs des musiques actuelles »]urlblank:http://www.irma.asso.fr/Master-2-Direction-d-equipements , poursuivant sa logique militante d'aide à l'insertion professionnelle. Le pôle « soutien aux initiatives - solidarités économiques » permet d'établir des passerelles entre les champs public et privé et de dispenser de manière pédagogique des conseils pratiques aux artistes pour la formulation et la réalisation durable de leurs projets. Enfin, Trempolino met l'accent sur les expérimentations artistiques, en visant les pratiques « en construction » et en favorisant l’innovation et la rencontre aussi bien des genres que des gens.

Trempolino en débat

Cette immersion dans cette structure d'accompagnement à la création musicale soulève finalement une interrogation, liée à la structuration des contre-cultures. En effet, la structuration d'un domaine présente le danger potentiel d'aboutir à une nouvelle forme d’institutionnalisation de la culture émergente - au mépris des autres émergences ? L'expérience de Vincent Priou et le débat qui a suivi son intervention à ce sujet a mis à jour que l'engagement sur le terrain était certainement le seul garant d'une énergie collective et concertée entre tous les acteurs du domaine culturel et/ou économique.

Pour plus d'informations :  [http://www.trempo.com/]

Chloé Paillotin et Charline Touzeau